L’autonomie, une lourde responsabilité
«Tu es adulte maintenant, tu te débrouilles !», c’est ce que les
parents répètent aux jeunes diplômés du baccalauréat. Livrés à
eux-mêmes, ils ne font pas forcément les bons choix de filières et vont
souvent rejoindre leurs amis pour se retrouver et pouvoir «évoluer
ensemble» dans la continuité de leur cursus universitaire. Or, là où la
majorité se trompe, c’est que tous n’ont pas les mêmes aspirations ou
les mêmes connaissances et compétences dans des branches données. «J’ai
fait Physique-Chimie parce qu’au bac, j’avais toujours de bonnes notes.
J’ai été étonné que mes amis du
lycée m’aient annoncé qu’ils feraient ça
aussi. Résultat, seulement un des cinq a pu continuer, les autres n’ont
même pas terminé leur 1ère année !». Ce qui est vrai, c’est que faire
ce que font les autres, suivre le troupeau, est LA pratique à éviter.
Certains étudiants se retrouvent à faire le tour des filières, sans se
retrouver dans l’une d’elles, pour qu’au final, ils postulent dans des
centres d’appel, histoire de se faire un peu d’argent et d’intégrer une
école privée. Mais est-ce vraiment nécessaire ?
Centres d’appel, l’usine à oseille ?
Depuis un peu plus d’une décennie, le travail précoce est devenu une
vraie tendance. L’émergence puis la floraison des centres d’appel au
Maroc, ainsi que les campagnes de communication qui en font la promotion
et qui visent les bacheliers, en ont séduit plus d’un ! Travailler sans
diplôme universitaire, sans contrainte, avec généralement un bon
salaire et sans corde au cou est une aubaine, voire un rêve que
plusieurs bacheliers réalisent l’été-même de l’obtention du
baccalauréat. Si quelques uns poursuivent quand-même leurs études en
parallèle, la majorité préfèrent miser sur les primes, donc sur des
heures de travail allant jusqu’à 12 heures par jour. « Mon salaire de
base est de 4000 DH, mais avec les primes que j’obtiens, je me fais au
minimum le triple chaque mois ! » nous confie un employé d’une grande
compagnie française de télécommunication. Pourquoi faire des études pour
être moins payé dans ce cas ? C’est le piège dans lequel il ne faut pas
tomber ! Les métiers de « hotliner » sont connus pour être les plus
précaires, on aura vite fait d’être licencié, ne serait-ce que pour un
objectif non atteint ou d’autres erreurs minimes, pour se retrouver non
seulement sans emploi, donc sans salaire et sans couverture sociale,
mais aussi sans formation !